Aux côtés des hommes, le cheval a su endosser différents rôles : tantôt compagnon de labeur, soldat, moyen de transport, athlète, mais aussi maître de philosophie. Homère, Aristote, Montaigne, Descartes, Schopenhauer, Nietzsche et Camus – pour ne citer qu’eux – ont chacun à leur manière rendu hommage à « la plus noble conquête de l’homme » en faisant du cheval l’Hermès de leurs convictions, le porteur de leurs idées. Peu surprenant, donc, d’apercevoir sur les présentoirs d’une librairie le dernier ouvrage de Michel Onfray, Haute École, qui se veut une Brève histoire du cheval philosphique.

Dans sa préface, l’auteur se confie sur sa relation avec les équidés. C’est d’abord une histoire d’amour, celle qui liait sa défunte compagne, Marie-Claude, à Tintin – à la mémoire duquel est dédié l’ouvrage – un cheval sauvé du couteau, que Michel Onfray s’est vu transmettre au fil des après-midi passés « au club » en leur compagnie. Mais c’est aussi une fascination pour le travail de Bartabas, l’écuyer centaure, cet « homme faussement bourru mais vraiment tendre, apparemment revêche, mais d’une sensibilité à fleur de peau ». Voilà donc les raisons qui ont poussé le philosophe contemporain à consacrer deux-cent pages aux quadrupèdes rencontrés dans ses recherches.

Haute École est donc un subtile, efficace et surtout accessible, résumé de plus de vingt-cinq siècles de philosophie, qui ne perd pas un instant de vue le cheval, son fil d’Ariane. Le discours est si bien imagé que l’on se surprend – par exemple – à voyager dans l’attelage ailé, tiré par deux forces contradictoires, un noble cheval blanc aspirant à l’idéal céleste et un rétif cheval noir aspirant à la réalité terrestre, qui décrit la conception platonicienne selon laquelle l’humanité doit se libérer de sa corporéïté pour pouvoir prétendre atteindre la connaissance véritable.

Les mots ne sont toutefois pas les seuls moyens utilisés ici pour immerger le lecteur au coeur de la philosophie équine. Les textes de Michel Onfray sont en effet complétés par une sélection d’oeuvres les traduisant visuellement. De la peinture à la photographie, en passant par la sculpture, des poteries antiques aux mises en scènes très controversées – à juste titre – de Cattelan, en passant par les croquis de Géricault, le cheval prend corps et nous invite sur son dos pour un voyage inédit dans l’histoire de la pensée.

Haute école. Brève histoire du cheval philosophique, Michel Onfray, Flammarion, 2015.

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Le Cheval majeur, Raymond Duchamp-Villon, sculpture patinée en bronze, Paris, Centre Pompidou – Musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle.
Écorché d'une tête de cheval écorchée, en vue latérale droite, Théodore Géricault, 1815, crayon, Bayonne, musée Bonnat-Helleu.
Écorché d’une tête de cheval écorchée, en vue latérale droite, Théodore Géricault, 1815, crayon, Bayonne, musée Bonnat-Helleu.
Whistlejacket, George Stubbs, 1762, huile sur toile, Londres, National Gallery.
Whistlejacket, George Stubbs, 1762, huile sur toile, Londres, National Gallery.
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Le Cavalier de la Mort, Salvador Dali, 1936, huile sur toile, Figueres, Fundacio Gala-Salvador Dali.
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Untitled, Maurizio Cattelan, 2007, cheval empaillé, Venise, Punta della Dogana, Palazzo Grassi.
Posted by:Andy Chansel

Fondateur du site Lecavalierbleu.fr. Cavalier passionné aux obsessions éclectiques.

4 thoughts on “ Michel Onfray et le cheval philosophique ”

    1. Merci pour l’ensemble de tes réactions Lisa ! Un très bel ouvrage, j’espère que vous serez nombreux à le trouver au pied du sapin 😉

  1. Merci pour cette découverte. Ce bouquin correspond tout à fait aux « œuvres » que j’aime lire. Je me l’offrirai donc !

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